Depuis que je participe et réfléchis à ce challenge en même temps que vous, je me rends compte d’une chose : il y a tant de manière d’interpréter et de s’emparer de chaque thème. Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’une technique en particulier, qui consiste à ne pas montrer ce dont on parle pour, justement, lui donner toute la place.
Le thème de demain, pieds nus, me semble assez difficile à traiter. D’abord parce que le pied n’est pas une partie simple de l’anatomie : il est constitué à lui seul de 26 os, 16 articulations, 107 ligaments, 20 muscles (dixit Wikipedia) ce qui en fait presque par définition une entreprise ardue à prendre en photo… ou à dessiner d’ailleurs.
L’autre raison : nos pieds sont souvent malmenés et s’il y a bien une chose qui se voit, en photo, c’est le manque de soin ou plutôt l’écart immense entre le soin que nous accordons à nos pieds dans la vraie vie et l’iconographie à laquelle nous sommes soumis ; habitués que nous sommes à voir des images ultra retouchées toute la sainte journée, la moindre petite peau, le plus petit centimètre de corne se repère comme le nez au milieu de la figure.
Cette pensée m’a rappelé ce moment, il y a quelques années, sur une plage des Bahamas, le seul voyage que j’ai fait avec ma mère : je voulais immortaliser ses traces de pas dans le sable pendant qu’elle marchait au bord de l’eau, devant moi. J’ai fait ces trois photos.
Sur la première, même si l’on voit distinctement la traces de pas dans le sable, c’est surtout ma maman qui est le personnage principal de cette photo et c’est la raison pour laquelle c’est aussi la photo que j’ai conservée pour notre album photo personnel.
Sur la deuxième, les traces de pas sont plus visibles. Elles font une sorte de ligne qui conduit le regard jusqu’au petit point, au fond de l’image : ma maman. Si bien que, de nouveau, c’est elle le vrai sujet de la photo. Et non les traces de pas.
Sur la troisième photo en revanche, on ne peut plus se tromper. Les empruntes, au sol sont peu marquées, mais c’est quelque chose que l’on peut vraiment mettre en valeur au moment des retouches. Et cette fois, la photo est plus abstraite : elle raconte la promenade au bord de l’eau, l’eau turquoise et chacun, en la regardant, peut se raconter l’histoire qui lui plait. C’est pourquoi c’est cette photo, plus universelle que la première, que j’ai finalement choisie pour publier sur Instagram.
19 juin - Pieds nus
Et voilà comment on peut parler d’un sujet, sans même le montrer :)
J’aime beaucoup la photo finale, même si elle a demandé pas mal de travail de retouche : d’abord un recadrage afin de centrer l’attention sur la marque la plus nette et la plus visible, ensuite, un travail pour améliorer la luminosité et retrouver le beige très pâle du sable de cette plage, enfin, le plus important : trouver comment intensifier la marque des pas sur le sable (l’outil clarté s’est révélé être mon meilleur soutien dans ce cas précis ^^).
Voilà pour aujourd’hui ! À demain pour une nouvelle lettre,
Anne-Solange