Chère lectrice,
“Dans un monde qui part en vrille et un contexte de pandémie mondiale, pourquoi ne pas investir quatre mille livres pour apprendre à peindre des fleurs ?” Je ne suis pas sûre que ce soit les mots exacts, mais voici ce qui était écrit en substance sur le prospectus du Distance Learning Diploma Course d’art botanique auquel j’envoyais ma candidature, en septembre 2020, sans aucun espoir d’être prise (mais avec celui d’obtenir quelques mots d’encouragements)(sans doute y avait-il un mince espoir, car finalement, j’ai été prise).
Avant d’aller plus loin, je propose de faire ensemble une petite pause afin d’apprécier la saveur exquise de cet échantillon tout à fait typique de l’humour britannique.
Mais plus sérieusement ne trouvez-vous pas qu’il y a effectivement une dimension délicieusement transgressive à décider de consacrer ne serait-ce qu’une fraction de son énergie et de son temps à la pratique d’une activité artistique ? La peinture d’art botanique en particulier qui vise, rappelons-le, à tenter de reproduire le vivant – en moins bien, forcément – en un laps de temps qui frise la provocation puisqu’il faut presque autant de temps pour peindre des cyclamens qu’il en a fallu pour les faire pousser (j’exagère à peine), le tout dans un contexte où une bonne partie de la population trouve ce que vous faites, il faut bien le dire, un peu ringard.
Et voici ce que j’en pense : c’est précisément la beauté de la chose.
Il y a dans cette démarche quelque chose d’insensé. Ça a un goût de liberté, de poudre d’escampette, de clef des champs. Un goût de quelque chose dont nous avons tous terriblement besoin, n’est-ce pas ?
Je pense ne pas trop me tromper en écrivant que nous sommes nombreuses et nombreux à nous sentir un peu pris au piège de ce monde hyper-productif, à y participer par la force des choses, tout en ayant de plus en plus de difficulté à y adhérer et qui caressons l’espoir de s’en extraire, ne serait-ce que quelques heures par semaine ou par mois.
Pour moi, passer six heures à peindre une fleur de camélia* est une manière de résister à cette pression. De goûter à l’école buissonnière. Et à la fin, ce qui en résulte, ce n’est pas seulement la peinture d’une fleur de camélia ; c’est aussi la trace de tout ce temps de flâneries intérieures, d’instants de paix absolue, d’intense concentration, de joie enfantine qui se succèdent pendant que le pinceau fait son oeuvre. L’oeuvre, c’est autant la fleur elle-même que la marque de ces quelques heures soustraites aux rouages d’un monde qui nous demande d’être toujours occupés à quelque chose d’utile, de rentable ou sérieux.
Dans quelques semaines, j’animerai une retraite créative. J’ai été invitée par “Parenthèse”, un lieu magique au coeur de la forêt pour guider les participants dans leurs premiers pas en dessin et en aquarelle. Nous dessinerons et nous peindrons à partir de végétaux glanés dans la nature. Une semaine en immersion totale, avec rien à faire d’autre que le temps devant soi et la possibilité de l’employer à nourrir son âme d’artiste. Je rêverais de participer à une retraite comme celle-ci. Je me sens d’autant plus fière et heureuse de pouvoir la guider.
Si vous avez envie de faire partie de notre groupe (10 participants maximum), la retraite se déroule du 26 au 30 juin chez Parenthèse Tiny House, du côté d’Orléans et toutes les informations, ainsi que le programme complet du séjour sont disponibles sur cette page. Si vous avez besoin d’échanger avec moi sur ce sujet, il vous suffit de répondre à ce mail.
Je vous souhaite une excellente fin de semaine. À très vite,
Anne-Solange
PS : L’illustration de cet article est le dernier projet pas à pas du Club d’aquarelle, mon programme d’apprentissage de l’aquarelle botanique. Il est destiné aux débutants et vous pouvez le rejoindre à tout moment. Je vous guide pas à pas, coup de pinceau après coup de pinceau, pour vous permettre de réaliser cette fleur (et bien d’autres) et vous permettre ainsi d’acquérir les techniques d’art botanique avec à la fin un résultat satisfaisant :)
2 réflexions sur “Folie douce”
Je trouve ta lettre magnifique! Elle fait écho en moi, car c’est exactement pour ces mêmes raisons que j’ai repris les pinceaux, m’extraire du monde devenu complètement dingue. Et trouver la joie, la paix et l’immense satisfaction de produire une petite peinture en apparence inutile. C’est aussi pour cela que je me suis inscrite à la retraite créative que tu donneras bientôt. Pourrais tu juste me confirmer les dates, car sur le site de Parenthèse elles ne correspondent pas. Je te souhaite de passez une bonne journée
Merci pour cette lettre qui met les mots sur une pratique « décalée ». Je teins avec des plantes, c’est un processus long : j’ai demandé à mon employeur de travailler un jour de moins par semaine pour m’y consacrer.
Cela me semblait un peu fou mais je l’assume de mieux en mieux car je me sens alignée. C’est mon pied de nez, mon pas de côté à un parcours tout tracé !